FAQ : la radiothérapie

Qu est ce que la radiothérapie ?    

La radiothérapie consiste à utiliser des radiations ionisantes pour détruire les cellules tumorales. Il s'agit d'un traitement localisé du cancer, ne traitant qu’une zone tumorale limitée et définie. La décision d’utiliser la radiothérapie pour le traitement d’un cancer s’intègre dans une stratégie de soins préalablement définie en réunion de concertation pluridisciplinaire s’associant aux autres modalités des traitements anti cancéreux.

La radiothérapie vise à détruire les cellules cancéreuses cancéreuses et épargner les organes et tissus sains qui l’entourent. Cette technique de soins a bénéficié des développements de la biologie, de la radiologie et de l’informatique, lui permettant d’acquérir une très grande précision de réalisation et d’évaluation de son efficacité.

Une des bases de cette précision en radiothérapie est la quantification précise de la dose d'énergie absorbée par les tissus sous l'action des rayons.

La radiothérapie délivre aux tissus traversés une dose totale, exprimée en Gray, réalisée en un certain nombre de séances délivrant chaque jour une partie de dose totale, la dose par séance. Le nombre de séances d’irradiation réalisées pour atteindre la dose totale correspond au fractionnement. L’étalement correspond à la période séparant la première de la dernière séance de radiothérapie.

L’efficacité biologique de l’irradiation dépend de ces trois paramètres, dose totale,  fractionnement, et étalement.

 

Pourquoi et quand utilise t on la radiothérapie ?    

La radiothérapie a pour objectif de détruire les cellules cancéreuses. Elle s'effectue donc aux doses d'irradiation nécessaires à la destruction de ces cellules tout en respectant au mieux les tissus sains voisins.

Quand ?

Cette radiothérapie peut être décidée :

  • Seule
  • Avant ou après une chirurgie
  • En association avec une chimiothérapie

Le meilleur choix thérapeutique étant décidé lors de la réunion pluridisciplinaire de concertation (RCP).
 

Pourquoi ?

La radiothérapie est utilisée pour environ 85 % des patients cancéreux traités en France, soit environ 300 000 nouveaux patients par an.  Elle peut être utilisée à visée curative ou palliative.

En situation curatrice pour le contrôle définitif du cancer inclus dans les faisceaux de radiothérapie tout en respectant les tissus sains. Il s’agit, en règle, d’une radiothérapie longue, sur plusieurs semaines, réalisée à un niveau de dose totale importante de l'ordre de 46 à 70 Gy délivrée sous forme de séances quotidiennes de 1.8 Gy à 2 Gy par séance sur une période de 5 à 7 semaines.

En situation palliative l’objectif est de contrôler des symptômes gênant la qualité de vie du patient. Ces symptômes peuvent être des douleurs, des saignements, des compressions de tissus sains, par exemple de la moelle épinière, de la trachée, de gros vaisseaux du thorax. Il s’agit de traitements courts sur quelques jours avec des dose par séance élevée allant de 3 à 8 Gy avec des doses totales délivrées limitées entre 8 et 30 Gy.

Dans un but curatif, des schémas longs sont utilisés:

  • 45 Gy sous forme de 4 à 5 séances, sur une période de 5 semaines,
  • 65 Gy à 72 Gy sous forme de 4 à 5 séances par semaine, sur une période de 7 à 8 semaines.

Dans un but palliatif, des schémas courts sont utilisés :

  • 8 à 10 Gy en 1 fraction unique
  • 20 Gy en 4 ou 5 fractions sur une semaine
  • 30 Gy en 10 fractions, sur 2 à 2,5 semaines.

 

Comment cela fonctionne ?    

Deux particules différentes sont utilisées en pratique courante lors des irradiations médicales, les photons et les électrons.

Les photons sont des particules pénétrant loin sous la peau et permettant de traiter des tumeurs profondes (thorax, abdomen, petit bassin) sans irradier de façon importante la peau.

Les électrons sont destinés à traiter les tumeurs plus superficielles, proches de la peau. Ils permettent de traiter des tumeurs superficielles sans irradier les tissus situés plus profondément dans l’organisme.

A côté de ces deux particules classiques, les protons sont également utilisés au sein de service très spécialisés pour des indications très précises de tumeurs rares par exemple de la base du crane ou des yeux.

Mode d’action

Les particules de radiothérapie, photons ou  électrons, traversent les tissus normaux ou cancéreux de l’organisme placés sur leur trajectoire et agissent au hasard de leur trajet sur les molécules de ces tissus. Photons ou électrons créent dans les tissus qu’ils traversent des ionisations, c'est-à-dire la formation d’ions à partir des atomes normaux. Cette constitution d’ions se fait en arrachant aux atomes, constituant les molécules normales des tissus traversés, cancéreux ou sains, des électrons. Ces atomes ayant perdus des électrons, et ainsi modifiés, deviennent instables et réagissent avec les atomes voisins restés normaux provocant des ruptures des liaisons normales existant entre les atomes constituant les molécules. Ces ruptures de liaison modifient la forme de la molécule. Ces modifications de forme provoquent des réactions au sein des cellules normales et cancéreuses qui peuvent aboutir à la mort immédiate ou différée de la cellule. Ces morts cellulaires se rencontrent lorsque les atomes ionisés et donc les molécules rompues sont de l’ADN.

Les cellules, saines ou tumorales, incluses dans les faisceaux de radiothérapie ont donc trois possibilités selon l’existence ou non de réparations des altérations de l’ADN chromosomique :

  • Réparations impossibles qui aboutissent à la mort des cellules mais ce de façon souvent différée
  • Réparations complètes laissant en place des cellules vivantes qui vont continuer à se multiplier
  • Réparation incomplète laissant en vie et en croissance des cellules porteuses de  mutations génétiques non mortelles.

 

Quelles sont les machines utilisées pour la radiothérapie ?    

Les  machines de radiothérapie produisant les particules utilisées en radiothérapie sont des accélérateurs linéaires de particules. Ces machines, nécessitant des installations lourdes et très importantes, émettent des flux de particules qui sont dirigées vers les zones cancéreuses à traiter. Ces accélérateurs linéaires émettent soit des photons dans une gamme d’énergie de 6 à 25 Millions d’électronvolts, soit des électrons dans une gamme d’énergie de 6 à 20 Mev. Des dispositifs permettent de modifier l’énergie des électrons ou des photons en fonction de la profondeur des tissus cancéreux, la taille et la forme des faisceaux, le débit de dose adaptant l'irradiation aux tissus cancéreux à traiter et sains à protéger.

 

Quel va être l'effet de l'irradiation sur les tumeurs ?    

La probabilité de stérilisation tumorale est pratiquement nulle tant que la dose totale délivrée aux tissus cancéreux n'atteint pas une valeur minimum. Cette valeur minimum dépend du type de cancer. Elle est par exemple de l'ordre 30 Gray pour certaines tumeurs du testicule, 35 Gray pour une maladie de Hodgkin et de 65 à 75 Gray pour les tumeurs de la sphère ORL., les tumeurs bronchiques ou prostatiques.

L'efficacité de l’irradiation diminue s’il existe une augmentation de l'intervalle entre les séances d'irradiation. En effet, une multiplication des cellules cancéreuses et une réparation des lésions sub létales se produiront dans cette période d'arrêt de traitement, diminuant dès lors l'efficacité de la radiothérapie. Tout arrêt transitoire de la radiothérapie au-delà de quelques jours réduit donc l’efficacité des soins en permettant aux cellules cancéreuses de se remultiplier.

 

Quels sont les effets des radiations ionisantes sur les tissus sains ?    

Les tissus sains normaux qui entourent les tissus cancéreux réagissent à la radiothérapie de deux façons selon le moment où surviennent dans le temps ces réactions. Il existe ainsi des tissus à réaction précoce et à réaction tardive.

Les tissus à réaction précoce :

Les cellules normales de ces tissus se multiplient physiologiquement rapidement. Ces tissus, la peau, les muqueuses de la sphère ORL, du tube digestif, réagissent pendant l’irradiation ou immédiatement après sous la forme d’une destruction d’une partie des cellules normales, cette mortalité cellulaire s’exprime sous forme d’ulcération du tissu. Ces réactions aigues disparaissent en quelques jours à quelques semaines après la radiothérapie pour ne laisser aucune ou au pire de rares séquelles en règle bénignes. L'arrêt du traitement dû à d'éventuelles réactions de ce genre est fort préjudiciable car elle diminuera globalement l'efficacité du traitement sur les cellules cancéreuses.

Les tissus à réaction tardive :

Ces tissus, l'os, les muscles, le foie, les reins, les tissus nerveux,  ne présentent pas de réaction visible au cours de l'irradiation mais des réactions tardives plusieurs mois ou années après la radiothérapie laissant des séquelles définitives. Cette toxicité tardive constitue le facteur limitant de la dose totale possible en radiothérapie.